Qui pourrait penser que l’on puisse passer de l’événementiel à la correction ? Pourtant, Maud Placines a sauté le pas à l’occasion d’un changement de vie. La maternité et un déménagement l’ont décidée à entreprendre une reconversion professionnelle pour conjuguer passion et travail…
1. Présentez-vous.
Bonjour, je m’appelle Maud, j’ai quarante ans (depuis quelques années), j’habite à Nantes, et je suis maman de deux filles, toutes deux au collège.
2. Comment êtes-vous devenue correctrice ?
J’ai toujours été passionnée par les livres et les mots. Après dix ans dans l’événementiel à Paris, j’ai eu envie d’autre chose à l’arrivée de mes enfants. Notre déménagement à Nantes a été l’occasion d’une réflexion sur mes souhaits professionnels. Très vite, une idée revenait sans cesse : travailler dans les livres. Être libraire ? Bibliothécaire ? Mais ce qui me plaisait avant tout : c’était vraiment la lecture, le fait de lire, d’être plongée dans un livre, captivée par l’histoire, emportée par l’intrigue… Je me suis dit que le boulot idéal serait d’être payée à lire des livres. Dans mon esprit, la première étape pour cela était déjà d’être correctrice. Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Mon diplôme du CEC en poche, je me suis installée à mon compte, et, par chance, j’ai commencé très vite à travailler avec des maisons d’édition… en littérature jeunesse. Mon rêve devenait réalité !
3. C’est un sacré grand écart entre l’événementiel et la correction. Qu’est-ce qui vous a particulièrement attirée dans ce métier de lecteur-correcteur ?
Pour moi, passer sa journée à lire des livres est sans conteste le plus beau métier du monde ! Mes journées se déroulent au cœur d’intrigues complexes, dans des mondes imaginaires fantastiques, aux côtés de héros intrépides… C’est la magie de la littérature, aucune journée ne se ressemble… C’est un perpétuel renouvellement.
4. Comment exercez-vous ce métier de correctrice ? À plein temps ? Avez-vous une activité complémentaire ?
Je travaille à plein temps en tant que correctrice indépendante, mais j’ai « diversifié » mes activités, toujours autour des livres : je fais également partie du comité de lecture international pour une maison d’édition jeunesse (je lis donc les manuscrits anglo-saxons et donne mon avis sur leur qualité, pour un éventuel achat des droits en France), j’ai effectué ma première traduction chez Milan (un exercice que j’ai beaucoup aimé)… Enfin, depuis deux ans, j’ai ajouté une nouvelle corde à mon arc livresque : l’écriture ! Ma première trilogie jeunesse (9-12 ans), Garance, héritière de l’Olympe, a été publiée chez Gulf stream éditeur, mêlant mythologie grecque et sorcellerie. Elle a même reçu plusieurs prix littéraires !
5. On peut dire que c’est une reconversion réussie ! Vous savez donc ce que cela fait d’être de l’autre côté de la barrière et d’avoir une correctrice qui fait la relecture de votre manuscrit. Nul doute que cela doit vous aider en tant que correctrice. Quelles sont, selon vous, les qualités qu’il faut avoir pour devenir correcteur indépendant ?
Sans conteste : la rigueur, la patience… Le correcteur peut être amené à lire des choses très différentes, il faut donc avoir un esprit curieux. Et il faut aussi apprécier la solitude, car, il faut bien l’avouer, c’est un métier plutôt solitaire…
6. Quels sont vos domaine de prédilection, vos sujets favoris, les mêmes que pour l’écriture ?
J’aime tous les livres que je corrige, mais j’avoue apprécier la littérature jeunesse, si riche et éclectique, notamment les romans 9-12 ans, ou le YA [young adult, ndlr].
7. Qui sont vos commanditaires, des maisons d’édition, je suppose ?
Oui, je travaille surtout pour des maisons d’édition, rarement pour les particuliers (sauf ma nièce de dix ans qui veut que je lui corrige son livre ^^).
8. Y a-t-il un monde entre l’idée que vous aviez du métier de correcteur et la réalité ?
Dans mon esprit, un correcteur connaissait les règles sur le bout des doigts, je m’imaginais un sachant très sûr de lui. En réalité, j’ai compris que le propre du correcteur est de douter toujours, et de vérifier constamment. Les dictionnaires sont mes alliés du quotidien.
9. Quel conseil donneriez-vous à ceux ou celles qui veulent devenir correcteur ?
C’est un métier de patience et de rigueur. Il faut être pointilleux, mais savoir s’adapter, aimer débusquer les fautes comme une chasse au trésor, mais s’effacer derrière les mots et le style de l’auteur. C’est un équilibre qui s’acquiert à force de pratique et d’expérience…
10. Vous voyez donc la correction comme un jeu… de longue haleine ! Que souhaitez-vous l’ajouter à l’adresse de tous les futurs correcteurs qui vous lisent ?
Bienvenue dans le monde passionnant de la langue française, où le mot « espace » est féminin en typographie, où le doute sera votre compagnon quotidien, où vous ne lirez plus jamais de la même manière !
Merci, Maud, d’avoir partagé avec nous votre expérience ! Il y a des milliers de chemins pour mener à la correction, et le vôtre est tout particulier, puisque vous êtes même devenue écrivaine. La passion des livres et des histoires chevillée au corps, votre reconversion a été une évidence. Et vous avez eu raison de vous faire confiance !
Envie de plus de témoignages sur le métier de lecteur-correcteur ? Retrouvez les autres interviews de correcteurs sur notre blog ! Et si vous souhaitez nous faire part de votre expérience, n’hésitez pas à nous contacter à contact@eflc.fr : nous serons ravis de vous lire !

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