Devenir lecteur-correcteur, épisode 2 : être freelance pour changer de vi(ll)e

Témoignage - Correctrice Freelance
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Tirer le positif du négatif, c’est ce que Clémentine, correctrice professionnelle depuis quelques années, est parvenue à faire. Son rêve n’était pas d’être correctrice indépendante, mais bien de travailler comme éditrice. Puis la perte de son poste a entraîné une nouvelle question : comment conjuguer l’envie de quitter Paris tout en continuant à exercer un métier du livre? En se formant et en devenant indépendante, bien sûr! Découvrez son parcours à travers cette interview.

  1. Présentez-vous.

Je m’appelle Clémentine Chapron, j’ai 30 ans. Je suis originaire de Normandie, et j’habite aujourd’hui à Rennes.

  1. Comment êtes-vous devenue correctrice, Clémentine?

Après un baccalauréat littéraire, j’ai fait une licence de lettres modernes à l’université Rennes-II, puis j’ai effectué un master Métiers du livre et de l’édition (parcours édition) à l’université Paris-Nanterre. J’ai commencé par être assistante d’édition dans de petites maisons d’édition parisiennes. Dans les deux dernières de ces structures, l’éditeur ne faisait pas appel à un correcteur extérieur. Pendant environ deux ans, j’ai donc eu une double casquette : assistante d’édition et correctrice. À l’époque, je n’avais eu que quelques cours de correction en master, j’ai donc dû apprendre le métier sur le tas. Puis la maison d’édition dans laquelle je travaillais a fermé, et j’ai eu l’idée de commencer une activité de correctrice indépendante afin de retourner vivre en Bretagne — même si j’ai adoré mes années à Paris, je ne souhaitais pas m’installer durablement là-bas. Il faut savoir qu’il est très difficile de trouver du travail en maison d’édition en dehors de Paris. En Bretagne, la majorité des maisons d’édition n’emploient pas de salariés et, même quand c’est le cas, il y en a souvent un ou deux. C’est d’autant plus compliqué quand on n’a pas de réseau dans la région, comme c’était mon cas à l’époque. La voie « correctrice indépendante » a été une solution salvatrice, qui m’a permis de continuer à faire ce que j’aimais tout en habitant là où je le souhaitais. Mais avant de me lancer, j’ai suivi une formation dispensée par un centre de formation reconnu dans la profession (l’EFLC n’existait pas encore!pastedGraphic.png), en présentiel. À la suite de quoi, en janvier 2022, je suis devenue freelance — et j’ai, avec bonheur, déménagé à Rennes! 

  1. À l’origine, il y avait donc déjà un amour affirmé pour les livres, et, par la suite, un changement de ville qui était incompatible avec votre métier d’origine. Mais qu’est-ce qui vous a définitivement décidé à embrasser le métier de lecteur-correcteur?

J’aime depuis toujours tout ce qui tourne autour des mots : la lecture, l’écriture, l’analyse de texte. Quand j’ai commencé mes études de lettres, je ne connaissais pas le métier de correcteur. Je me suis en revanche projetée dans le métier d’éditeur. Mais, en réalité, ce qui m’attirait le plus dans cette profession, c’était bien le travail sur le texte, l’accompagnement des auteurs dans l’aboutissement de leur ouvrage. Prêter attention à la cohérence de l’histoire, à la tournure des phrases, traquer les fautes d’orthographe et de typographie, effectuer les recherches nécessaires. Je trouve ce métier très stimulant intellectuellement et humainement : intellectuellement, par la mission de correction en elle-même (un travail de fourmi, comme disait à juste titre ma collègue Julie, dans l’interview précédente!), et humainement, car je suis en lien avec de multiples commanditaires, aux profils très différents. En outre, la diversité des textes sur lesquels je suis amenée à travailler participe de cet aspect stimulant : les missions se suivent mais ne se ressemblent pas; je ne m’ennuie pas! J’ai lu des récits de vie qui m’ont émue, des supports de formation qui m’ont appris beaucoup de choses, des thrillers qui m’ont tenue en haleine… De nature curieuse, j’aime découvrir de nouveaux styles, de nouvelles histoires, de nouveaux sujets…

  1. Comment exercez-vous ce métier de correcteur? À plein temps? Avez-vous une activité complémentaire?

Je suis microentrepreneuse. Je vis de mon activité de correctrice et des missions effectuées pour l’EFLC : correction de copies, animation du forum, création de devoirs et de vidéos tuto, enrichissement de cours, etc.

  1. La transition entre un travail salarié et la microentreprise n’est pas toujours évidente. Quelles sont, selon vous, les qualités qu’il faut avoir pour devenir correcteur indépendant?

Pour exercer en freelance, il me paraît indispensable d’être organisé, pour gérer ses différents clients, agencer son planning et respecter les délais impartis, ou encore gérer l’aspect administratif. Il faut aussi s’adapter aux imprévus, à un quotidien qui n’est pas forcément routinier — il arrive que je ne sache pas mon planning au-delà de trois semaines, et certaines missions me sont proposées peu avant la date butoir. Par ailleurs, je pense qu’il est bon de savoir poser des limites. Aux commanditaires, mais aussi à soi-même — le fait de pouvoir s’organiser comme on le souhaite, sans avoir d’horaires imposées (qui est un des gros avantages du freelance), peut se retourner contre soi. Enfin, la potentielle diversité des textes corrigés (tant par leur sujet que par leur style ou la qualité de l’écriture) demande de la curiosité et de l’ouverture d’esprit.

 

  1. Vous aimez découvrir de nouveaux horizons. Mais avez-vous des domaines de prédilection? Des sujets favoris?

J’aime relire de la fiction, des romans adulte, parce que c’est généralement ce qui me transporte le plus en tant que lectrice. Mais je trouve aussi très intéressant de corriger des formations écrites, particulièrement quand elles sont liées à la culture (par exemple, j’ai adoré relire une formation sur les métiers du cinéma). Je prends également beaucoup de plaisir à corriger les hors-séries du magazine Bretons, qui m’apprennent énormément sur ma région de cœur (que ce soit concernant sa géographie, son histoire ou sa culture)!

  1. Qui sont vos commanditaires?

Cela varie beaucoup. Je travaille ou j’ai travaillé pour quelques maisons d’édition (Larousse et Récamier, principalement), des particuliers, des organismes de formation et des magazines.

  1. Y a-t-il un monde entre l’idée que vous aviez du métier de correcteur indépendant et la réalité?

À vrai dire, je ne crois pas avoir beaucoup réfléchi à la question, étant donné que mon objectif premier était d’être assistante d’édition/éditrice. Mais j’aime mon métier et je ne suis pas surprise! Il correspond à ma personnalité. Entre autres choses, j’aime la minutie, la patience (on doit parfois fouiller dans de nombreuses sources avant de trouver une réponse à sa question!), l’adaptabilité et la diplomatie qu’exige la correction.

  1. Quel conseil donneriez-vous à ceux ou celles qui veulent devenir correcteurs?

Je conseille de ne pas sous-estimer la complexité de la langue et de la typographie françaises! Cette conscience qu’il existe un grand nombre de règles et de subtilités aide à trouver la bonne posture, celle qui pousse à ne rien prendre (ou presque) pour acquis. Être correcteur, ce n’est pas forcément être un dictionnaire sur pattes, c’est surtout avoir le réflexe de multiplier les vérifications, les recherches.

  1. Que souhaitez-vous ajouter à l’adresse de tous les futurs correcteurs qui vous lisent pour qu’ils mettent toutes les chances de leur côté quand ils se lanceront dans le métier en solo?

Mon conseil : quand le moment sera venu de sauter dans le grand bain, particulièrement si vous devenez correcteur indépendant, entourez-vous. Faites partie d’un groupe Facebook de correcteurs, adhérez à une association locale, gardez contact avec les personnes qui auront suivi la même formation, etc. Cela permet de partager ses doutes, de poser des questions, d’échanger sur ses expériences, de se communiquer des bons plans…

 

Merci, Clémentine, pour ce témoignage singulier sur un chemin de vie professionnelle qui semblait tout tracé, mais que le hasard a voulu autrement. Comme quoi, tous les chemins mènent… à la correction!

N’hésitez pas à relire le premier épisode de notre série d’interviews ici :
le témoignage de Julie.

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